Skip to content Portrait de Fritz PERLS (1966) peint par Otto DIX
Friedrich Salomon PERLS (dit Fritz) est né le 8 juillet 1893, dans une famille de classe moyenne du ghetto juif de Berlin.
Son père, négociant en vin, fréquente des milieux non-juifs lui permettant de s’extraire du ghetto.
En 1896, la famille s’installe dans un quartier bourgeois de Berlin.
Fritz, enfant sage et travailleur, devient rebelle devant les comportements violents et autoritaires de son père. Il va finir par le détester et nourrir une intolérance à toute autorité, qui l’accompagnera jusqu’à la fin de sa vie.
La mère de Fritz, juive pratiquante, lui communique sa passion pour les arts et le théâtre. Elle est également peu « tendre » avec son fils, allant jusqu’à lui briser un battoir sur son dos, déçue par son insolence et ses écarts.
Ce climat conflictuel et dévalorisant amènera chez Fritz un manque d’assurance fondamental, se traduisant tout au long de sa vie par une quête d’approbation, des comportements et des traits de caractère excessifs.
Selon ses dires, sa scolarité a été médiocre et turbulente.
Il intègre une troupe de comédiens. Le travail exigeant d’une expression juste et authentique des sentiments lui permet de retrouver un nouvel équilibre.
Il restera toujours passionné par les arts (opéra, peinture, théâtre). Cette passion et la fréquentation des milieux artistiques influenceront profondément sa conception et sa pratique de la Gestalt-thérapie (l’émergence et le développement de la créativité sont particulièrement favorisés).
Fritz commence des études de médecine alors qu’il a juste 20 ans, interrompues par la Première Guerre mondiale. Il s’engage comme infirmier volontaire dans la Croix-Rouge. Il en reviendra gazé, blessé physiquement et psychiquement.
En 1920, il obtient son diplôme de médecine et devient docteur en neuropsychiatrie. Il est intéressé par la psychanalyse.
En 1926, il entreprend une première psychanalyse avec Karen HORNEY. Elle aura une influence importante sur sa vie et son travail, l’incitant à s’éloigner de sa famille et de Berlin et de quitter la jeune femme, prénommée Lucy, avec laquelle il vit une relation complexe. Elle l’encourage également à devenir psychanalyste.
En 1927, il est séparé d’avec Lucy. Il travaille à Francfort sous la direction du neuropsychiatre Kurt GOLDSTEIN. Ce dernier étudie les troubles de perception chez les blessés du cerveau.
Fritz intègre quelques principes de la Gestalt-psychologie, nommée aussi « Psychologie de la forme ».
Le principe de la Gestalt-psychologie est le suivant : face à une forme composée, nous voyons d’avantage qu’une somme d’éléments, notre cerveau organise ces différentes parties en un ensemble cohérent et signifiant pour nous. Elle implique que nous sommes beaucoup plus vastes et riches que la somme des éléments observables qui nous composent.
Chacun de nous est un univers complexe et infini qui ne saurait être réduit à une somme d’étiquettes ou de définitions.
Fritz rencontre Lore (Laura) POSNER, de 12 ans sa cadette, une étudiante de Kurt GOLDSTEIN. Elle deviendra docteure en Gestalt-psychologie. Bercée par les arts depuis son enfance, elle pratique la danse et la musique.
En 1929, Fritz et Laura se marient. Ils fréquentent assidûment les milieux des artistes engagés.
Fritz poursuit son travail analytique avec Clara HAPPEL, puis avec Eugen HARNICK.
Dès 1927, il exerce comme psychanalyste. Il rencontre Wilheim REICH qui lui ouvre des horizons nouveaux, entre autres sur la relation thérapeutique impliquée, non distanciée, et prenant en compte la dimension corporelle et émotionnelle.
Avec REICH, Fritz abandonne ses obsessions et ses ruminations sur le passé.
En 1933, l’avènement d’Hitler au pouvoir met Fritz en danger par son engagement, dans un mouvement antifasciste et sa fréquentation de mouvements artistiques condamnés par les nazis.
Les PERLS fuient Berlin (avec leur fille Renate alors âgée de 3 ans) pour la Hollande puis en Afrique du Sud ou Fritz se voit proposer un poste d’analyste. Fritz et Laura deviennent rapidement les premiers psychanalystes du pays.
Ils créent l’Institut sud-africain de psychanalyse. Laura accouche d’un garçon, Steve. La famille mène une vie particulièrement bourgeoise. Cependant, ses enfants relèveront plus tard qu’ils ne conservent pas un souvenir particulièrement heureux de leurs relations avec leur père. Fritz est assez méprisant avec sa fille, et plutôt indifférent à l’égard de son fils. Fritz reproduit le comportement rejetant et brutal de son propre père.
En 1936, lors d’un congrès de psychanalyse il présente sa théorie sur « l’agressivité dentaire ». Il souhaite être reconnu par Freud, mais il ne le sera pas.
Avec la collaboration de Laura, Fritz rédige en 1942 « Le Moi, la Faim et l’Agressivité », les idées fondamentales sont :
Contact direct et authentique avec le client
Centration sur l’instant présent
Valorisation des sentiments et des émotions
Approche holistique de l’organisme et de son environnement (l’approche holistique envisage la personne dans sa totalité)
Prise de responsabilité de son ressenti et de ses besoins
Fritz et Laura souhaitent favoriser un contact plus naturel et direct avec le client, dans une approche de l’être humain dans sa globalité, ce qui nécessite de valider et de valoriser les émotions, de porter attention au corps, et ainsi d’amener le client à identifier et à prendre la responsabilité de ses besoins.
La théorie de Perls est la suivante : Adgressere : aller vers, pour évoluer il faut mâcher, ingérer, digérer (pulsion du nourrisson) pour aller dans la pulsion de vie (pulser pour aller vers – prendre ce qui est bon) et s’approprier, assimiler en vue de sa croissance.
En 1942, Fritz s’engage comme médecin dans l’arme locale africaine pour 4 ans afin de combattre l’armée allemande. À la fin de la guerre, les PERLS voient émerger en Afrique du Sud la ségrégation.
À 53 ans, Fritz part pour New York. Sa famille le rejoindra une année après.
Il rencontre Paul GOODMAN qui aura une influence importante sur la théorie gestaltiste.
EN 1951 paraît le livre « Gestalt Thérapy » essentiellement rédigé par GOODMAN.
En 1952, Fritz crée l’Institut de Gestalt de New York. Laura s’occupe des enfants.
Fritz parcourt l’Amérique pour des conférences afin d’expliquer la Gestalt-thérapie.
Fritz quitte New York pour aller s’installer à Miami suite à des dissensions entre les théoriciens de la Gestalt. Laura et Goodman reprochent à Perls une démarche trop expérimentale, trop empirique.
Après plusieurs années d’errance, dans le courant des années 1960, il est invité par un ancien élève, Alan WATTS, à séjourner dans son centre de séminaire Esalen, à Big Sur, en Californie.
Perls finira par s’y installer et animer des ateliers. Il profite durant cette période pour rédiger « Ma Gestalt-thérapie, une poubelle vue du dedans et du dehors » qui parle essentiellement de sa vie en Californie. En 1968, les ateliers de Fritz sont bondés.
En 1969, il fait l’acquisition d’un vieux motel au bord du lac de Cowichan (île de Vancouver). Il crée son propre centre gestaltiste.
Le 14 mars 1970, Fritz décède d’un cancer du pancréas, à Chicago. Il ne reverra pas ses enfants, lesquels gardent de lui un souvenir mêlé d’admiration et d’amertume.
Laura Perls dirigera l’Institut de New York jusqu’à sa mort en 1990.
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